RC Lens : l'Europe, plus qu'une illusion, une légitime ambition

Par Adrien Rocher 8 novembre 2022, 10h15

Comme la saison dernière à pareille époque, le RC Lens truste le podium de la Ligue 1 au tiers du championnat, de quoi entretenir l’espoir d’une qualification européenne. D’autant plus que le club artésien affiche beaucoup plus d’arguments pour atteindre cet objectif. Décryptage.

Deux ans et demi après son retour en Ligue 1, le RC Lens s’est déjà affirmé comme un candidat aussi crédible que légitime à une qualification européenne. Septièmes les deux dernières saisons, les Lensois ont – à chaque fois – loupé le coche lors de l’ultime journée de championnat. De quoi nourrir une certaine frustration, quand bien même une qualification européenne n’était pas l’objectif prioritaire d’un club qui est encore dans « un processus de stabilisation » selon son directeur général Arnaud Pouille. Et même si la priorité demeurait d’assurer au plus vite le maintien, l’appétit vient en mangeant et celui-ci était décuplé à l’orée de cette troisième saison dans l’élite, sans doute celle de l’affirmation pour le club du bassin minier.

Et alors qu’on lui prédisait une saignée et un été difficile à gérer, le RC Lens a finalement tenu bon en ne laissant partir que Jonathan Clauss et Cheick Doucouré parmi ses titulaires indiscutables, des départs rapidement compensés par les arrivées de Jimmy Cabot et Salis Abdul Samed. Surtout, les dirigeants lensois ont affiché leurs ambitions en parvenant à conserver Seko Fofana. Quand bien même le milieu de terrain a sans doute attendu une offre qui n’est jamais venue, l’actuel dauphin du PSG avait frappé un grand coup en officialisant sa prolongation de contrat dans le rond central, à l’issue d’une belle victoire contre Lorient et à quelques heures de la clôture du marché des transferts.

« Aujourd’hui, on peut voir plus grand, peut-être l’Europe, glissait alors Seko Fofana. C’est en tout cas se donner tous les moyens pour. On a réglé quelques problèmes qu’on avait par le passé, qui nous ont pas aidé à aller au bout. »  En l’occurrence le recrutement d’un gardien de but de haut niveau comme Brice Samba, l’achat du très prometteur Loïs Openda à la pointe de l’attaque et surtout la capacité à renforcer un groupe qui avait parfois manqué de profondeur les deux dernières saisons, le tout pour un investissement total excédant les 20 millions d’euros. Soit autant d’atouts supplémentaires s’ajoutant à l’expérience des deux dernières saisons pour tenir le choc sur l’ensemble de la saison et ainsi franchir un cap supplémentaire.

Il y a comme un parfum de très bon coup réalisé par le RC Lens ce week-end. Vainqueur chez la lanterne rouge, le club artésien compte désormais cinq points d’avance sur son premier poursuivant, Rennes. Pour autant, l’heure n’est pas à voir trop loin. « On est haut à la quatorzième journée, c’est un constat que l’on peut faire, sourit Franck Haise. J’espère que l’on sera haut à la trente-huitième. D’abord, on va préparer le match de Clermont puis derrière il y a une trêve inédite de six semaines. Il faudra bien repartir, retrouver tout le monde pour repartir sur une belle dynamique. On va rester très prudent mais aussi très heureux d’avoir trente-trois points après quatorze journées. »

Cette place, les Lensois la doivent surtout à eux-mêmes et à une impressionnante solidité défensive. C’est bien simple, ils n’ont encaissé que deux buts sur les huit derniers matches. Et n’ont plus craqué dans le jeu depuis le 4 septembre dernier à Reims. « Sur les six derniers mois de la saison passée, on avait déjà vu ça en étant beaucoup plus costaud, hermétique et mature collectivement, analyse Florian Sotoca. Je pense que ça se répète encore cette année. On concède beaucoup moins d’occasions, on est plus costaud et on sait qu’on a les capacités pour marquer à tous les matches. C’est ce qu’il se passe. »

Et c’est bien cette réussite collective défensive qui permet au RC Lens de voir plus grand pour son avenir. « Si on voulait être ambitieux, on savait qu’il fallait encaisser beaucoup moins de buts que les saisons précédentes, c’est ce qui arrive. On veut finir le plus haut possible, pour l’instant ça nous réussit, sourit l’attaquant. Pour être ambitieux, il faut être costaud. Les deux dernières années, on était ambitieux dans le jeu mais on a pris mal de buts qui nous ont freiné sur certains matches. On est beaucoup plus costaud, mature collectivement, on concède moins d’occasions et derrière on sait qu’on a le potentiel offensif pour marquer à tous les matches. »

La meilleure défense du championnat – à égalité avec le Paris Saint-Germain – n’est pas seulement là grâce à ses qualités footballistiques intrinsèques. Grâce à une maturité nouvelle, les Sang et Or savent se sortir de situations périlleuses, comme samedi à Angers. « Je pense que mon équipe est plus mûre, plus solide, lit mieux les situations de jeu, se satisfait Franck Haise. C’est ça qui compte. On est mieux sur les moments où il faut se projeter, ceux où il faut de la maîtrise, ceux où il faut défendre intelligemment. C’est cette lecture qui est plus fine. C’est un bon signe quand les finisseurs finissent très bien. »

De quoi permettre de se « contenter » de victoires moins spectaculaires qu’à l’accoutumée sur les dernières sorties. Et ainsi se placer en candidat plus que crédible à l’Europe. « Nous sommes des joueurs ambitieux, lâche Florian Sotoca. Si à cinq ou dix journées de la fin, on est super bien placé, on ne va pas se priver pour jouer la Coupe d’Europe. On s’est loupé de peu sur les deux dernières saisons, on avait des regrets lors de la dernière journée, j’espère qu’on n’en aura pas cette année. » Le tout sans oublier une des forces « sang et or » jusqu’ici. « Restons dignes, restons humbles, tempère Haise. On est à trente-trois points, on est content d’y être mais allons-y par étapes. » Et la prochaine pourrait renvoyer le RC Lens vers les joutes européennes, à condition de bien se relancer après la trêve.

Adrien ROCHER avec Romain PECHON